La levure de riz rouge ou Monascus purpureus

Tout d’abord, sachez que la levure de riz rouge devrait plutôt être appelée “levure rouge de riz” ! En effet, c’est la levure qui recouvre le riz qui est rouge, et non le riz lui-même. En latin, elle porte le nom de Monascus purpureus. Il s’agit d’un champignon microscopique cultivé sur le riz. Ce micro-organisme produit un pigment rouge caractéristique qui donne son nom à cette levure. Une fois séchée et réduite en poudre, elle est utilisée comme colorant ou rehausseur de goût dans diverses préparations alimentaires asiatiques.

Utilisation culinaire et en médecine traditionnelle chinoise (MTC)

L’utilisation de la levure de riz rouge en médecine chinoise, appelée Xuezhikang, remonte à la dynastie Tang, en 800 avant J.-C. Une description détaillée de sa production a été publiée dans la pharmacopée chinoise durant la dynastie Ming (XIVᵉ au XVIIᵉ siècle). Traditionnellement, elle était employée en Asie orientale (Chine, Japon, Corée et Thaïlande) comme colorant alimentaire et à des fins thérapeutiques.

Sur le plan culinaire, elle sert à la production de vin de riz, agit comme conservateur alimentaire et aide à préserver la couleur et le goût du poisson, de la viande et du tofu. Aujourd’hui, son usage est répandu dans plusieurs pays asiatiques, notamment en Chine et au Japon, avec une consommation moyenne de 14 à 55 g par personne et par jour.

En MTC, la levure rouge de riz est utilisée depuis plus de 700 ans pour traiter des troubles tels que l’indigestion, les diarrhées, les problèmes de circulation et la faiblesse des membres inférieurs.

Découverte de l’effet hypocholestérolémiant

En février 1979, à Tokyo, le chercheur japonais Akira Endo, à la recherche d’un nouvel antibiotique, a découvert les propriétés hypocholestérolémiantes de la levure de riz rouge. Il a identifié une molécule capable d’inhiber une enzyme appelée HMG-CoA réductase, essentielle à la synthèse du cholestérol.

Activité pharmacologique

La substance active identifiée dans la levure rouge de riz, capable d’inhiber la HMG-CoA réductase, est la monacoline K (également appelée mévinoline ou lovastatine). Par ailleurs, huit autres monacolines apparentées ont été découvertes, toutes agissant de manière similaire.

Outre les monacolines, la levure contient des stérols (bêta-sitostérol, campestérol, stigmastérol), qui réduisent l’absorption intestinale du cholestérol, ainsi que des acides gras mono-insaturés. Cependant, la quantité de monacoline K contenue dans la levure rouge de riz est insuffisante pour expliquer seule la réduction du cholestérol observée. Par exemple, une dose typique de levure rouge de riz contient en moyenne 5 mg de monacoline K, alors qu’un traitement par lovastatine utilise des doses de 20 à 40 mg par jour. Cela suggère que d’autres composés de la levure contribuent à son efficacité [1].

Plusieurs études cliniques ont démontré la diminution du cholestérol LDL (le « mauvais cholestérol »), ainsi que son rôle dans la prévention des maladies cardiovasculaires et de l’athérosclérose [2].

Fabrication de la levure de riz rouge

Le processus de fabrication commence par tremper le riz dans l’eau jusqu’à ce que les grains atteignent un état semi-gélatineux. Une culture du champignon Monascus purpureus est ensuite ajoutée. Le mélange est agité périodiquement dans une chambre à température contrôlée pendant 3 à 6 jours, période durant laquelle les grains prennent une couleur rouge vif à l’intérieur et rouge-violet à l’extérieur. Aucun solvant chimique n’est utilisé.

Des modifications dans les conditions de fermentation (pH, température, source d’azote, alimentation en eau) permettent d’augmenter la teneur en monacoline K, tout en éliminant la citrinine, une mycotoxine néphrotoxique.

Aujourd’hui, la levure de riz rouge est utilisée comme colorant dans plus de 155 aliments en Asie et entre dans la composition de 24 préparations à base de plantes en MTC, pour traiter les hyperlipidémies, la fatigue ou les diarrhées.

Efficacité contre le cholestérol

La levure de riz rouge a été largement étudiée chez l’humain, en comparaison avec un placebo. Une méta-analyse récente, portant sur 20 études randomisées en double-aveugle, a montré une réduction moyenne de 0,4 g/L de LDL-cholestérol, soit une baisse de 15 à 25 % [1].

Des études ont également démontré une réduction des triglycérides et une augmentation légère du HDL-cholestérol (le « bon cholestérol »). Chez les enfants présentant des taux élevés de cholestérol, une supplémentation associant levure de riz rouge et policosanol s’est révélée efficace et bien tolérée [4].

Dosage recommandé

  • Dose standard : 600 à 1 200 mg par jour (extrait standardisé à 1,7 % de monacolines).
  • Prise : 10 minutes avant le repas, avec un grand verre d’eau, de préférence en fin d’après-midi.
  • Contre-indications : femmes enceintes et adolescents de moins de 18 ans.

Effets secondaires

Les effets secondaires, bien que rares, incluent :

  • Élévations asymptomatiques des enzymes hépatiques (ALT, AST).
  • Augmentation de la créatine kinase (CK), pouvant mener à une rhabdomyolyse (extrêmement rare avec la levure rouge de riz).

Dans une étude portant sur 446 patients hyperlipidémiques, les effets secondaires mineurs rapportés incluaient des brûlures gastriques (1,9 %), des flatulences (0,9 %) et des vertiges (0,3 %). Ces symptômes ont disparu sans interruption du traitement [3].

Situation économique et légale en Suisse

En Suisse, les statines sont remboursées par l’assurance maladie de base, contrairement à la levure de riz rouge. Sa commercialisation est interdite en tant que médicament ou denrée alimentaire, en raison de la possible présence de citrinine.

Conclusion

La levure de riz rouge, lorsqu’elle est de bonne qualité et exempte de citrinine, offre une alternative efficace et bien tolérée aux statines, particulièrement pour les patients hyperlipidémiques sensibles à ces dernières. Elle permet une réduction significative du cholestérol LDL, des triglycérides et de l’apolipoprotéine B, tout en étant associée à un faible risque d’effets secondaires [5].

Références

      1.   Heber D, Yip I, Ashley JM, et al. Cholesterol-lowering effects of a proprietary Chinese red yeast rice dietary supplement. Am J Clin Nutr. 1999;69:231-6.

      2.   Keys A, Taylor HL, Blackburn H, et al. Circulation. 1963 Sep;28:381-95.

      3.   Cheng-Chieh L, Li TT, Lai MM. Efficacy and safety of Monascus purpureus in subjects with hyperlipidemia. European Journal of Endocrinology. 2005;153:679-686.

      4.   Wang et al. Multicenter clinical trial of Monascus purpureus. Current Therapeutic Research. 1997;58(12):Dec.

      5.   Cheng-Chieh L, Li TT, Lai MM. European Journal of Endocrinology. 2005;153:679-686.

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